L’invention d’un père, d’Arnaud Friedmann

Arnaud Friedmann fait partie de ces auteurs qui m’ont à ce point séduit que je m’empresse de lire désormais chacune de leurs nouvelles parutions.

L’Invention d’un père éditée par La Manufacture de livres est précisément la dernière en date.

Le résumé

Cet enfant, il l’avait désiré et pourtant, à quelques jours de l’accouchement, il avait fui. Incapable d’en faire plus, de devenir père. De sa fille, il ne connaissait que le prénom, le jour et l’heure de naissance, reçus par texto. Mais il a appris qu’il ne serait pas question pour lui de faire des projets d’avenir. « Fulgurant », lui a dit le médecin en parlant de sa maladie. Il n’a plus que quelques mois à vivre, quelques mois pour être père. Alors il va aller chercher le bébé, l’enlever. Dans une baraque perdue au milieu des bois, il se cachera avec elle et s’inventera père.

Avec ce roman bouleversant, Aranud Friedmann raconte la folie d’un homme qui tente de racheter ses erreurs et de transmettre l’essentiel avant qu’il ne soit trop tard. Loin du monde, dans une cabane qui a un air de paradis perdu autant que de masure délabrée, un homme et sa fille cheminent au bord du gouffre.

Ce que j’en dis…

Deux ans après avoir lu La femme d’après et avoir eu le privilège de pouvoir interviewer Arnaud Friedmann (si tu as un peu de temps devant toi, le lien vers l’interview est ici ), c’est un immense plaisir de pouvoir lire L’Invention d’un père.

Roman minimaliste et percutant, ce livre donne à repousser les frontières de l’acceptation des actes commis par un excès de sentiments. Ici, le crime passionnel n’est pas un meurtre mais un enlèvement. Celui d’un bébé à qui son père mourant veut transmettre quelque chose avant qu’il n’y ait plus rien.

Peu de personnages – on peut les compter sur les doigts d’une main – se situent dans un cours du temps embrouillé par la fièvre et la souffrance. Les scènes sont parfois dans cette cabane au milieu d’une forêt où n’habite personne ou presque, parfois dans le passé du père, parfois écrites sur des feuilles qu’il rédige pour donner à sa fille quelques choses à savoir de son père qu’elle ne connaitra qu’à travers cette lecture insolite.

D’autres fois il s’agit des cauchemars du père, suscités par la morphine indispensable pour faire face à cette douleur inconcevable qui accompagne l’agonie au terme de cette incurable maladie fulgurante.

L’Invention d’un père suscite une grande confusion sentimentale : Ce père est-il un monstre ou juste un père aimant qui souhaite se manifester avant qu’il ne soit trop tard ?

Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire lors des moments d’échange entre le père et sa fille, comme si c’était une belle chose que d’enlever un enfant pour passer un peu de temps avec lui. Bien sûr, ce n’est pas une chose à faire mais … un sourire reste un sourire.

Dans le même temps on frémit continuellement. Une bête sauvage peut débarquer et grignoter les petits doigts de pied, Béatrice peut se faire piquer par des insectes, tomber malade, son père peut mourir à tout moment, qui la retrouvera ?

Ces inquiétudes assaillent sans cesse le lecteur alors qu’il prend plaisir à lire les feuillets du père, à les observer apprendre à se connaitre et à s’aimer dans l’éphémère instant du trépas attendu.

C’est donc dans un moment suspendu, plein d’angoisse, d’amour et de poésie, qu’ Arnaud Friedmann invite le lecteur à se trouver étrangement bien tout en trépignant d’inquiétude.

L’auteur

Arnaud Friedmann est né à Besançon en 1973. Après avoir suivi des études de Lettres et d’Histoire, il a travaillé dans la fonction publique et dirigé une structure liée à l’emploi dans les Vosges. Il est également propriétaire associé de la librairie Les Sandales d’Empédocle à Besançon. Après La Femme d’après, publié à La Manufacture de livres, L’Invention d’un père est son huitième roman.

L’Invention d’un père, d’Arnaud Friedmann est édité par La Manufacture de livres.
Le livre broché de 226 pages est vendu 17,90€.
Paru le 4 avril 2024.

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