Si dans les années 20 (2020) la jeunesse française se met à délaisser les plateformes de streaming et les jeux vidéos, La Manufacture de livres y sera forcément pour quelque chose.
Sniper contre sniper. Un tireur d’élite russe a pour mission de neutraliser des tireurs d’élite adverses, des mercenaires à la solde d’agitateurs politiques dans le nouveau bloc de l’est. Nous sommes en 1992, sur les ruines encore fumantes de l’URSS.
Non, La Neuvième Cible n’est pas un jeu vidéo de tir, c’est un roman de l’écrivain russe Pavel Kreniev.

Le résumé
Nikolaï Gaïdamakov est un tireur d’élite moscovite de l’armée Russe. En 1992, il est envoyé en Moldavie, à la frontière ukrainienne, dans la ville de Tiraspol où des snipers à la solde de la Roumanie abattent des civils depuis des cachettes. Leur but : amener la population à rejeter la tutelle russe pour se tourner vers un protectorat roumain.
Pour le pouvoir russe, l’enjeu est de taille. Pour Nikolaï Gaïdamakov, la pression est à la mesure de cet enjeu. Il ne vient pas en sauveur mais en soldat qui doit exécuter des ordres et mettre fin à la terreur qui pèse sur la population de Tiraspol.
Le lecteur suit donc son parcours, pénètre ses pensées, ses stratégies, sa psychologie de tireur d’élite alors qu’au fil des pages il parvient à abattre chacun des neufs snipers qui terrorisent les habitants de la ville moldave.
La particularité de cet écrit romancé tient particulièrement au fait qu’il s’agit d’une histoire vraie. Il éclaire donc sur les caractéristiques, le mode de pensée et le mode de vie de ces professionnels de la mort que sont les tireurs d’élite et apporte une vision éclairée sur ce qui constitue les premiers balbutiements d’une région autrefois appelée URSS et qui doit se forger un avenir où l’indépendance et l’autonomie ne sont que des idéaux fictifs et douloureux.
Ce que j’en dis …
La Manufacture de livres ne cesse de me surprendre.
Bien que je ne sois pas du tout porté sur les choses militaires ou les armes à feu, Pavel Kreniev est parvenu à m’emmener avec lui dans cette traque extraordinaire et à m’émouvoir d’une façon très particulière alors qu’il abattait La Neuvième Cible.
Le ton, le style, sont très épurés. Froids et dures comme on imagine l’âme russe. Sans méchanceté mais rompue à la rudesse d’une existence pénible.
C’est d’ailleurs très troublant de pénétrer la pensée de Nikolaï Gaïdamakov. Aucune haine ni aucune pitié. Il abat ses cibles. Point. Aucune trace d’humanité dans l’affaire. Et pourtant, le même Nikolaï est éperdument amoureux, enjoué et naïf comme les enfants savent l’être. Désarmant de sensibilité …
La Neuvième Cible est aussi un livre aux vertus pédagogiques. Parce qu’on ne connait pas bien cette région qui se trouve pourtant à seulement quelques centaines de kilomètres de la France, cette Europe de l’est qui peine à se construire une identité, à établir une stabilité, encore aujourd’hui, trente ans après le démantèlement de l’ex-URSS. Faut-il s’en inquiéter ?
Pavel Kreniev ne pose pas la question. Il n’y répond pas non plus.
Mais il met en lumière toute une région qu’on ne connait pas, une population en proie à des pressions politiques extrêmes. Des hommes, des femmes et des enfants qui sont nos voisins.
Sur l’auteur
Pavel Kreniev siège au conseil d’administration de l’Union des écrivains de Russie, dont il est le vice-président. Son œuvre, déjà traduite dans plusieurs langues, a été récompensée par de nombreux prix littéraires panrusses et internationaux: Golden Knight, Russian Myths, prix Nikolai Leskov.
La Neuvième Cible, de Paul Kreniev est édité par La Manufacture de livres.
Il a été traduit du Russe par Thierry Marignac.
C’est un livre broché de 158 pages vendu 16,90€.
Date de parution : 6 janvier 2022.