Sortie en salle : 14 décembre 2022
Après avoir marqué le monde et bouleversé l’industrie du cinéma, James Cameron revient 13 ans plus tard nous présenter son dernier-né: Avatar – La voie de l’eau. L’attente fut longue mais le désir – renforcé par la ressortie d’Avatar fin septembre 2022 – est resté fort. Néanmoins, le monde a depuis eu le temps d’assister à d’autres raz de marée cinématographiques – à l’instar d’Avengers – End Game, Spiderman – No Way Home, Jurassic World – ainsi qu’une évolution des habitudes de consommation, renforcée par la pandémie, de plus en plus tournée vers le « à domicile » des plateformes SVOD. Parviendra-t-il à réitérer l’exploit du premier ? Le public sera-t-il encore au rendez-vous? Autant de questions auxquelles seul l’avenir pourra répondre.

Cette suite est le fruit d’un long processus de développement, autant créatif que technologique. Depuis qu’Avatar est sorti, Cameron a rapidement exprimé son désir de poursuivre l’aventure. S’entourant de plusieurs coscénaristes, plusieurs histoires sont travaillées comme un tout, avant d’être découpées en récits séparés. Mais le créateur souhaite réitérer une révolution visuelle, et ne se contentera pas d’un à peu près. Toujours pensé pour la 3D, l’avenir d’Avatar s’attardera sur les fonds marins de Pandora, et pour que l’immersion soit totale, la technologie doit évoluer.
Un petit résumé
Alors que les années on passé pour Jake et Neytiri, ils ont eu le temps de fonder une famille, et d’asseoir leur bonheur. Mais le problème avec le bonheur, c’est qu’il peut vite partir en éclat. Le retour des humains sur Pandora marque le début d’une nouvelle ère d’affrontement. Ces derniers, voulant faire cesser la lutte des autochtones, montent un plan visant à se débarrasser de son leader, Jake Sully. Celui-ci voyant le danger grandir, pour sa famille et le peuple Omaticaya, décide de fuir et trouve refuge auprès du clan de l’eau. Après avoir appris les usages des Na’vi de la forêt, la famille Sully toute entière doit s’adapter au mode de vie des Metkayina. Mais, si la fuite les protège un moment, leur ennemi use de moyens peu scrupuleux pour les retrouver et les détruire.
Des envies de séjour en pays Na’vi ?

Immersion et plongée, voilà des mots parfaitement adaptés au dernier long métrage de Cameron. En plus de suivre la métaphore – rapport à l’eau – on peut réellement dire que ce film prend le temps de nous faire profiter de la beauté des fonds marins. Les images sont saisissantes de réalisme, au point de se demander parfois s’il s’agit d’effets numériques ou de plans tournés en milieu marin retravaillés par la suite.
Autre point fort, l’écriture des relations humaines Na’vi, et plus particulièrement familiales. Et je dois dire que cela contribue énormément à la claque émotionnelle que constitue ce second opus. Tout y est d’un réalisme touchant : les maladresses d’un père trop militaire dans son approche, la désobéissance des fils, les petites rivalités entre frères, le charme et la complexité des relations de couple, et l’hystérie d’une mère qui protège ses enfants comme une lionne. Qu’il est appréciable de voir une famille unie par des valeurs fortes, ou d’assister à la naissance d’un amour, qui, s’il n’est pas tellement original dans sa naissance, l’est par la pudeur qui le caractérise.
Cependant
Pleinement préparé à remettre les pieds et le cœur en terre Na’vi grâce à la ressortie d’Avatar deux petits mois avant, je me sens perplexe lors de l’introduction. Réutilisant le mêmes codes que pour son ainé, le film s’ouvre sur la voix de Jake nous racontant l’évolution depuis que nous les avions laissé. Mais ce retour sur Pandora sonne comme une redondance, bien qu’il y ait des nouveautés. S’il est intéressant de comprendre les évolutions de leurs vies, le choix de la narration direct est néanmoins questionnable. Car, si celle-ci avait un sens pour le premier, lié au journal vidéo tenu par le marin Sully, ici cela ne fait écho à rien de précis. Le but est certainement de faciliter une immersion rapide, mais cela donne surtout l’impression d’une paresse dans l’écriture. Tout est prémâché, il ne s’agit surtout pas de permettre au spectateur de réfléchir et d’analyser au travers d’une narration visuelle. Ce qui, il faut le reconnaitre, demande un grand savoir-faire. N’est-ce pas dans les cordes de ce grand Monsieur qu’est Cameron et de ses équipes ? C’est dommage.
Le HFR: ça passe ou ça casse
Apparu depuis quelques années, le HFR (High Frame Rate / fréquence d’image élevée) s’étend à différents domaines comme les jeux vidéo ou la vidéo haute qualité via des appareils adaptés, et enfin, quelques films, dont celui qui nous intéresse. Depuis le développement du cinéma, la vitesse standard est de 24 images par seconde, et notre esprit est donc habitué à ce qui a été sobrement appelé « l’effet cinéma », par opposition à une diffusion d’images plus importante. La dernière grande utilisation de cette technologie dans les salles sombres fut le film Le Hobbit, de Peter Jackson. A l’époque, beaucoup avaient critiqué ce choix, car trop irréel, rappelant davantage la sensation d’un jeu vidéo justement.
Pour ma part, Avatar – La voie de l’eau n’échappe pas à ce phénomène. Si la fluidité est remarquable, il n’en reste que je me suis senti assez mal. A mon sens, cela gâche l’expérience qui se veut réaliste.
Un méchant surgi d’outre-tombe

S’appuyant sur une ancienne rivalité, Cameron fait le choix de « ressusciter » un personnage ayant pourtant passé l’arme à gauche. Si l’on peut comprendre les raisons – charisme, facilité induite par la connaissance établie du spectateur – encore une fois, la manière déçoit et convainc peu par ses explications. Tentative de rattrapage – cela n’est d’ailleurs pas sans rappeler un certains Star Wars IX qui s’ouvrait sur un Deus Ex Machina de la mort – c’est plus par complaisance, que par réelle sincérité, que notre esprit accepte la pilule nous permettant de suivre Alice aux pays des Na’vi. Encore une fois, c’est dommage.
Je suis ton père
Apportant un peu de complexité au Colonel défunt – mais en fait non – ce dernier découvre qu’il a un fils resté sur Pandora depuis le départ des humains. Habitué à dégommer tout ce qui se dresse sur son passage, en vociférant des catch phrases dignes des plus grands bad boys de l’industrie du cinéma, celui-ci évolue peu à peu, laissant place à un peu de sensibilité, notamment vis-à-vis du monde vivant qui l’entoure. Se pourrait-il qu’il passe du côté lumineux de la force ?
L’Élue

Décidément ! Encore un élément rappelant Star Wars me direz-vous. Et vous n’avez pas tort. Il y a de toute façon en commun à ces deux histoires, une inspiration biblique pour le personnage christique, engendré par la volonté d’une force, divinité. Ici, c’est Kiri. Enfant de l’avatar de Grace, celle-ci n’a vraisemblablement pas de père. Capable de ressentir le battement d’Ewa, elle est particulièrement connectée au monde vivant, s’émerveillant avec plus de force que les autre Na’vi. Complexée par sa différence, elle devra encore apprendre à dompter sa singularité lors des prochaines suites.
Un film à message
Avatar 2, tout comme son prédécesseur, peut décevoir pour son scénario simple. Mais là où le premier était une merveille d’équilibre, entre efficacité et splendeur, exposition et action, sans oublier le message écologique et les émotions, le second accentue très fort le message d’un amoureux de la nature. C’est bien simple, durant plus de trente minutes, le scenario semble se mettre sur pause pour ne laisser place qu’à l’émerveillement. Véritable démonstration technique, les visuels subaquatiques provoquent un émerveillement instantané. Et le métrage assume totalement de consacrer autant de temps à l’immersion, c’est décomplexé.
Il faut alors accepter l’objectif visé : toucher notre corde sensible pour comprendre que Pandora n’est pas si différente de notre Terre. Cameron cherche en réalité à agir sur ce qui nous anime au fond. C’est un message qui se passe de mots pour toucher sa cible, le cœur de chaque individu. Véritable amoureux des profondeurs maritimes terrestres, qu’il cherche à protéger, il démontre par là qu’il a aussi compris comment fonctionne l’humain : la connaissance et l’action fonctionnent de pair avec les émotions.
En conclusion, cette première suite me laisse quelque peu sur ma faim. Si j’avais grandement apprécié le premier, aujourd’hui, je réclame plus de complexité dans le récit. Néanmoins, Avatar 2 offre un spectacle extraordinaire qui ne laisse pas indifférent.
Cinéphilement vôtre.
Nos avis se coordonnent,
J’ai été déçu par la légèreté de l’histoire, qui me semblait trop facile à mon goût. Cependant la nature de Pandora, la vie qu’elle protège et sa beauté a représenté un plus lors de la visualisation du long métrage.
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