Dans ce recueil de nouvelles qui mêle science-fiction, anticipation et uchronie dans des formats courts et des histoires terriblement prenantes, Cyril Amourette met en lumière certaines dérives sociétales particulièrement anxiogènes et on en redemande !

Le résumé
Un pessimiste dit : « C’est affreux, ça ne peut pas être pire. »
L’optimiste lui répond : « Mais si. »
Cyril Amourette tente, aux travers de ces treize nouvelles, de donner tort à ce terrible proverbe russe. Sans succès.
De la fin du langage à des gangs mélomanes, de l’amour de Lady Di à un accumulateur contagieux, des jardiniers meurtriers à Michael Jackson reclus dans les ténèbres, la réalité est bien cette grande fiction, la dernière peut-être.
Entre science-fiction, anticipation et inquiétante étrangeté, ce recueil offre un panorama possible des futurs de l’humanité. Glaçant et prophétique.
Cyril Amourette rêve de cités oubliées, d’histoires sombres et de personnages troubles. Il en ramène des récits dérangeants, labyrinthiques et dangereux. Parfois.
Il espère le meilleur mais s’attend au pire. Armé.
Ce que j’en dis …
J’avais découvert Cyril Amourette et les éditions de L’Alchimiste par le biais de ce livre-jeu intitulé Les décombres du monde.
Je m’étais dit que je reviendrai vers cet auteur et Le festin des inquiétudes constituait l’occasion rêvée de vérifier si la première impression était la bonne : est-ce que l’univers de Cyril Amourette était bien ce truc glauque et inquiétant qui m’avait plu dans le premier bouquin que j’avais lu ?
Un recueil de nouvelles constitue à me yeux un excellent moyen de découvrir plus pleinement un auteur, c’est comme un portfolio littéraire facilement accessible.
Celui-ci contient une douzaine de nouvelles, c’est-à-dire treize comme le veut la tradition concernant les douzaines dignes de ce nom.
J’ai été emballé dès la première. Par un bel après-midi ensoleillé m’a immédiatement replongé dans l’ambiance des Décombres du monde. Ici ce n’est pas le lecteur mais le personnage, Daniel, qui déambule dans les rues de son quartier, un quartier très étrange, déroutant… puis la chute m’a mis une claque phénoménale et j’ai eu envie de crier au génie.
C’est que l’art de la nouvelle requiert à mon avis cette aptitude à proposer une chute inattendue et choquante, positivement ou pas, mais elle doit produire une surprise brutale pour donner un éclat particulier à l’histoire qu’elle conclut. Or, Cyril Amourette excelle dans cet exercice.
Évidemment on ne peut pas chroniquer un recueil de nouvelles comme on le fait pour un roman mais je souhaite souligner le fil conducteur de cet ouvrage.
L’auteur explore des sujets en allant toujours plus loin dans le grossissement du trait, jusqu’à l’explosion finale, qui parfois est une implosion. Ainsi, il touche du doigt le culte de la célébrité dont était (est ?) l’objet Lady Di dans Le treizième pilier de la foi en poussant le bouchon très très loin, aussi loin qu’on peut le pousser, et même encore davantage.
Ou bien, dans Mort aux vaches ! il développe l’antagonisme qui unit ou désunit les végans et les viandards à l’extrême jusqu’à un consensus final inattendu et déroutant.
Chaque nouvelle est conçue sur ce principe d’exagération et prend des tournures vertigineuses.
Ma préférée est sans doute Le roman parfait qui met en relief la question de l’utilisation des intelligences artificielles pour la production de l’écrit. Au moment où ChatGPT suscite une assourdissante polémique, on ne peut s’empêcher de penser que Cyril Amourette est indéniablement un visionnaire. Pourvu que cela ne se vérifie pas pour toutes les nouvelles du Festin des inquiétudes !
Le festin des inquiétudes, de Cyril Amourette est publié par les éditions L’Alchimiste.
Le livre broché de 250 pages est vendu 15€.
Le livre numérique 6, 99 €.
Paru le 11 octobre 2022.