Prison de fer noir, de VII

Sous-titré Essai sur la pensée politique de Philip K. Dick, la nouvelle production des éditions Anti-Monde signée VII n’est pas un album de rap ni un livre de science-fiction mais un remarquable essai consacré à l’aspect politique de l’œuvre et du discours de l’un des plus grands auteurs de SF du XXe siècle.

Le résumé

Avec 121 nouvelles et 45 romans foisonnants de réflexions sur la condition humaine, la multiplicité des réalités ou le totalitarisme technologique, Philip K. Dick est devenu l’une des figures majeures de la littérature contemporaine.

L’auteur californien a toujours dédaigné les sujets à la mode et privilégié une science-fiction aux antipodes de la littérature de divertissement. Il incarnait une SF radicale, pleine d’antihéros en lutte contre de gigantesques monopoles intergalactiques.

Dans une période qui a tendance à préférer les simulacres aux vérités, Dick, de manière presque cathartique, nous incite à prendre conscience de notre emprisonnement idéologique et mental. Tel est le propos de cette étude incisive de la pensée politique d’un écrivain à part.

Ce que j’en dis …

Grand admirateur de Philip K. Dick depuis l’adolescence, j’ai tout de suite beaucoup aimé lire et écouter VII à cause des multiples références à l’univers dickien.

Comment donc ne pas me ruer sur cet essai ?

Il a du pourtant attendre un temps injustement long dans ma PAL avant que je ne puisse le chroniquer à son tour mais son heure est venue.

Cet essai ne va pas me faire changer de position quant à mon opinion sur VII. Cet artiste est vraiment d’une application hors-norme et les publications qu’il distille avec talent sont d’une irréprochable qualité.

Prison de fer noir montre à travers les textes de K. Dick, à travers ses discours et les témoignages de ses homologues auteurs de SF, comment sa sensibilité politique imprègne de manière significative l’ensemble de son œuvre. Comme tout essai digne de ce nom les notes abondent et la bibliographie est conséquente.

J’ai beaucoup apprécié cette approche véritablement aiguisée et originale. D’autres travaux sur la vie et l’œuvre de Philip K. Dick se penchent davantage sur le caractère visionnaire ou psychologique (pour ne pas dire psychiatrique) de l’auteur. Ce qui peut avoir un effet négatif.

Récemment je lisais un avis sur Je suis vivant et vous êtes mort d’ Emmanuel Carrère. Le rédacteur de l’avis en question précisait qu’après avoir lu cette biographie de Philip K. Dick il ne souhaitait pas lire ses livres qu’il imaginait pollués par la maladie mentale et la prise de substances psychotropes…

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que ça faisait de cette lecture un immense gâchis.

Prison de fer noir n’abonde aucunement dans ce sens mais se déjoue des prétendues difficultés addictives de l’auteur qui ne résument effectivement en rien son œuvre et s’articule sur le fond politique de sa pensée : son humanisme, sa crainte viscérale de l’autoritarisme, sa conscience de la superposition des systèmes de choses pour ne citer que ces trois axes.

Le chapitre VII (comme par hasard), consacré à la gnose, m’a particulièrement plu.

Pour faire simple je dirai que cet essai ne constitue pas une porte ouverte pour quiconque serait ignorant des écrits de Philip K. Dick mais bien plutôt un écrit de référence destiné à tout lecteur capable d’appréhender le second degré tellement prégnant dans son œuvre.

Il devrait trouver sa place de façon systématique dans la bibliothèque de quiconque prétend être un amateur éclairé de SF.

Prison de fer noir, de VII est publié aux éditions Anti-Monde.
Le livre broché de 195 pages est vendu 16, 99 €.
Paru en octobre 2022.

Publicité

Un commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s