Derniers poèmes, de Ursula K. Le Guin

Ursula K. Le Guin est réputée pour avoir produit une œuvre originale et engagée plus particulièrement dans le domaine de la science-fiction.

Ce recueil proposé par les éditions Aux Forges de Vulcain transcende cet univers attendu quand on évoque le nom de l’autrice pour transporter le lecteur vers les sphères plus intimistes de la poésie.

Mais il apparait dès les premières pages que le talent de Ursula K. Le Guin s’exprime tout aussi pleinement lorsqu’elle revêt ses atours de poétesse.

Le résumé

Adulée pour ses chefs-d’œuvre de science-fiction et de fantasy, Ursula K. Le Guin (1929 – 2018) se voyait avant tout comme une poétesse.

Les éditions Aux Forges de Vulcain publient pour la première fois en français une partie de cette œuvre poétique magistrale, jouant avec les formes traditionnelles de la poésie de langue anglaise et les influences taoïstes qui lui étaient chères, Ursula K. Le Guin écrit une poésie à la fois quotidienne et métaphysique.

Ses deux derniers recueils sont un regard en arrière et une réflexion lancinante sur le grand âge et la mort comme voyage vers l’ouest.

Ce que j’en dis …

J’ai succombé immédiatement à cette proposition originale des Forges de Vulcain dont j’ai apprécié de nombreux aspects qui méritent d’être soulignés.

D’abord, le fait que l’édition soit bilingue. La page de gauche donne le texte dans sa version originale en anglais (USA) et la page de droite donne la traduction en français (assurée par Aurélie Thiria- Meulemans). Ainsi, en fonction de son niveau d’anglais, le lecteur appréciera de survoler la première page, ou de la lire, ou même d’évaluer la qualité de la traduction et les choix lexicaux.

Cela invite à prendre son temps, à s’attarder voluptueusement sur les sonorités de la langue anglaise et sur la proposition en français qui s’efforce autant que possible de respecter à la fois l’esprit et la musicalité du texte original ce qui constitue une prouesse absolument remarquable pour le peu que mon méprisable niveau d’anglais m’autorise à en juger.

La qualité des textes indépendamment de la langue choisie ne donne pas à ressentir qu’il s’agit des écrits d’une vieille femme alors même que la poétesse était octogénaire lors de la rédaction. Les poèmes frappent plutôt par l’acuité incroyable de l’autrice, une connexion au vivant qui s’exprime dans sa capacité à poser des mots splendides sur la réalité de l’instant.

La majorité des poèmes sont courts et intenses et imposent un rythme de lecture lent et respectueux. Comme on ne visite pas un musée contenant des pièces maîtresses au pas de course, la lecture des Derniers poèmes de Ursula K. Le Guin se fait en douceur et avec un plaisir conscient.

J’ai aussi pleinement apprécié que figurent au milieu de l’ouvrage, entre les deux parties de ce recueil – Late In The Day (2010-2014) et So Far So Good (2014-2018) – une postface assez technique dans laquelle la poétesse s’étend sur le caractère paradoxalement libérateur des contraintes d’écriture que suppose le respect des règles de structure de la poésie anglaise conventionnelle et sur l’autre voie libératoire qui consiste à s’en affranchir.

Plus encore, le second ajout m’a comblé. Donné directement en français, il s’agit du discours d’acceptation de la médaille de la National Book Foundation que l’autrice a reçue en novembre 2014 pour sa contribution exceptionnelle aux lettres américaines. Véritable éloge de la liberté d’expression et de création, c’est aussi un texte d’un grande sincérité quant aux dérives commerciales du monde de l’édition.

Derniers poèmes de Ursula K. Le Guin ne manquera pas de ravir nombre de lecteurs :

  • Les inconditionnels de l’autrice de science-fiction qui voudront la découvrir sous un autre jour,
  • Les amoureux de la poésie,
  • les anglophones plus ou moins confirmés,
  • et quantité d’autres curieux.

Il va de soi que si l’on se reconnait dans une ou plusieurs de ces catégories de lecteurs ce magnifique recueil devient rapidement incontournable.

Derniers poèmes, de Ursula K. Le Guin est édité par Aux Forges de Vulcain.
Le livre broché de 336 pages est vendu 20 €.
Paru le 14 avril 2023.

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