Mes romans préférés de 2023

Je lis évidemment un certain nombre de blogs consacrés à la littérature et en ce début d’année, plus d’un blogueur ou blogueuse a décidé de consacrer un post à un top 10 des meilleures lectures 2023.

Je ne résiste pas à l’envie d’en faire autant. Je n’ai vraiment aucune personnalité.

Contrairement à d’autres blogueurs qui ont une mémoire d’éléphant, j’ai dû pour ma part jeter un œil sur les 113 articles que j’ai écrits l’année dernière avant de me décider à établir un verdict totalement arbitraire et évanescent.

Comme je ne veux pas que l’un des dix fasse de l’ombre aux neuf autres, je vais les lister dans l’ordre chronologique de la lecture. Déjà qu’il font de l’ombre à la centaine d’autres…

Le Top 10

Une thérapie, Léo Cairn, La Manufacture de livres

Ce qui fait tout l’intérêt du bouquin c’est la légitimité de l’œuvre en même temps que son originalité. Un psychiatre qui se confie à un confrère dans le cadre de son internement après une tentative de suicide, c’est plutôt original. Nous présenter les faits en faisant du lecteur le témoin des entretiens, c’est plutôt bien pensé. Mais le clou du pompon de la cerise sur le gâteau, c’est que l’auteur, Léo Cairn, est lui-même un psychiatre. D’où une acceptation d’emblée pour le lecteur de se laisser emporter dans le récit avec une confiance totale et irréversible.

J’ai beaucoup apprécié ce qu’Une thérapie dépeint comme une réalité dont la majorité des gens a malheureusement peu conscience : le frontière entre l’équilibre mental et la perte de cet équilibre est très mince.

La chronique en entier est ici.


Prison de fer noir, VII, Anti-monde

Cet essai ne va pas me faire changer de position quant à mon opinion sur VII. Cet artiste est vraiment d’une application hors-norme et les publications qu’il distille avec talent sont d’une irréprochable qualité.

Prison de fer noir montre à travers les textes de K. Dick, à travers ses discours et les témoignages de ses homologues auteurs de SF, comment sa sensibilité politique imprègne de manière significative l’ensemble de son œuvre. Comme tout essai digne de ce nom les notes abondent et la bibliographie est conséquente.

J’ai beaucoup apprécié cette approche véritablement aiguisée et originale.

La chronique en entier est ici.


L’Odyssée du Vagabond, Luke Rhinehart, Aux Forges de Vulcain

L’humanité réduite à une poignée de survivants forcée de naviguer à bord d’un trimaran pour échapper à la folie des hommes restés à terre. Les passagers du Vagabond ne sont pas les seuls rescapés mais c’est sur cet équipage disparate que le lecteur est focalisé durant les plus de 400 pages du livre.

Une sorte de huis-clos marin absolument immersif (même si le bateau n’est pas un sous-marin mais un trimaran, je me répète), qui m’a donné l’impression d’être à bord durant toute la lecture en dépit de ma relative inexpérience de la navigation.

On ne peut s’empêcher de penser que l’ère post apocalyptique ressemblerait très probablement à ce que décrit ce livre : une humanité en proie à une haine devenue une règle de survie. Cette haine s’exprimant sur tous les continents, l’égoïsme étant érigé au rang d’une évidence consensuelle ne faisant plus rougir personne.

Il n’y a qu’à bord du Vagabond que l’équipage lutte pour conserver des valeurs édifiantes telle que la bienveillance, l’abnégation ou le sens des responsabilités.

La chronique en entier ici.


Shit ! , Jacky Schwartzmann, Seuil

J’ai surkiffé le style et même si la trame a été exploitée à plusieurs reprises depuis le film Les frères Pétards, jusqu’à la série Family Business en passant par le plus récent roman Supermarché, et évidemment la série Breaking Bad donc, je ne cesse de me régaler avec ce type d’histoires.

En plus, Besançon , depuis Mulhouse c’est la porte à côté donc tout cela possède un air de réalisme bien prégnant qui ajoute au charme du livre. Transformer un CPE en dealer c’est aussi très très drôle, tout le monde pense immédiatement à un CPE de sa connaissance et la rigolade est assurée.

Le style, familier, pourrait donner une impression de facilité mais en réalité l’intrigue est très savamment construite et la tension narrative parfaitement maîtrisée. Le plaisir est présent à chaque page donc et les rebondissements sont juste totalement imprévisibles : du grand art !

La chronique en entier est ici.


Brouillards, Victor Guilbert, Hugo

Dans Brouillards, le lecteur est rapidement embarqué dans une atmosphère très étrange, à la fois amusante et angoissante.

Cette ville de New York noyée dans la brume procure une ambiance un peu surréaliste et la faculté que possède Hugo de résoudre des énigmes et de mener l’enquête grâce à une bille mentale ajoute au surréalisme ambiant.

Pour autant nous sommes dans un vrai récit d’espionnage où la CIA affronte la DGSE et où des sacs à dos remplis d’explosifs arpentent le métro : ça ne rigole pas.

Et pourtant ça rigole : un éclairagiste aveugle, un accessoiriste trisomique et un perroquet alcoolique démontreront aux plus sinistres que, oui, sans doute, on peut rire de tout.

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Trois battements, Un silence, Anne Fakhouri, Argyll

Trois battements, Un silence n’est pas un roman féerique à proprement parler mais un conte pour adulte offrant une immersion dans un univers complexe où la porosité des mondes permet d’impliquer non seulement des personnages humains et non humains (fées, trolls et autres changelins ou parisettes) mais aussi de confondre les temps et les époques.

Ainsi, alors que les premières pages m’inspiraient une histoire propre à un certain milieu ouvrier, une ambiance proche du roman noir ou du polar contemporain, l’intrigue a glissé vers un contexte féerique parfois très sombre, avant de revenir parfois à une réalité plus humaine et prosaïque puis tout s’est imbriqué sans que je ne puisse saisir comment.

Anne Fakhouri donne vie au fil des pages à une littérature qui ravira autant les lecteurs de Stephen King que les amoureux de Lovecraft ou les amateurs de Tolkien ! Aussi incroyable que cela puisse paraître tout cela s’harmonise sans accroc dans ce roman hors du commun.

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Le Livre de la rentrée, Luc Chomarat, La Manufacture de livres

La Manufacture de livres ne compte probablement aucun sensitivity reader dans ses rangs, ou bien il est en congés annuels, ou encore il a décidé de changer de taf après avoir lu Le Livre de la rentrée et compris l’aberration de sa pseudo profession.

Parce que là où certains verront en Luc Chomarat un auteur sexiste, le lecteur mâle que je suis y trouve un époux amoureux et admiratif. Mais je suis peut-être un lecteur sexiste (à bien y réfléchir on me l’a déjà reproché). Pourtant ma femme prétend que non et elle a toujours raison.

Me Too, le monde parisianiste de l’édition, les masses lectorales (c’est cadeau) aveugles et les écrivains du confinement en prennent pour leur grade mais ils le feront certainement tous avec le sourire comme on sourit volontiers à un excellent trait d’humour dont il est honorable de faire l’objet.

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Le Chant du silence, Jérôme Loubry, Calmann-Lévy

Jérôme Loubry nous emmène régulièrement a l’époque de l’adolescence de Damien pour nous éclairer sur ce passé pénible qui le traumatise : ses amis d’enfance, ses premières amours, ses premières inimitiés également et ce père, pas tendre.

Le personnage qui détient la clé du passé est un flic, Franck, un ancien pécheur qui fut l’apprenti du père de Damien et qui a entrepris de se livrer à une enquête très personnelle afin de réhabiliter la mémoire de celui qui l’aura soutenu dans ses rêves de policier.

Franck, petit à petit, livrera à Damien des faits concernant son père dont il n’avait jamais rien su. Et ce père honni retrouvera peu à peu sa dignité dans la pensée de son fils désormais orphelin alors que certains de ses proches tant aimés prendront des aspects inquiétants.

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La Vague qui vient, Daniel Fohr, Inculte

La question de fond, traitée avec talent et peut-être une certaine dose d’inconscience freudienne est notre rapport au monde rendu possible par le regard de l’autre.

Cette trame de fond est développée avec talent et diversité de points de vue, on y croise aussi les drames existentiels, petits ou grands, liés à la complexité de cette position dans la peau de l’artiste, qu’il soit écrivain, dessinateur de BD ou actrice.

Le livre est achevé, je le regarde posé à ma gauche sur un bureau où s’amoncellent à ma honte assumée des feuilles de toutes sortes et d’utilités diverses et j’éprouve un paradoxal sentiment de connivence et d’abandon.

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Demain et demain, et demain, Gabrielle Zevin, Fleuve

La Grande Vague de Hokusai m’a toujours fasciné bien que je n’en possède aucune reproduction sous quelque forme que ce soit. (Et le fait que j’ai lu Demain et demain, et demain au format numérique vient ajouter à la force du paradoxe : je n’ai même pas pu me délecter de la vision du détail de cette image au cours de ma lecture, et je ne la possède donc toujours pas!)

Toutefois j’ai pu me délecter de la lecture et entre nous c’est déjà une très très bonne chose.

Mais si je continue à garder en tête la toile mentionnée ci-dessus, je trouve des points communs entre le tableau de Hokusai et le roman de Gabrielle Zevin : il y a d’abord cette impression de facilité, cette simplicité presque minimaliste en apparence mais qui, en y regardant de plus près, regorge d’un luxe de détails.

En parlant de détails, il y en a un qui est souvent ignoré dans la célèbre estampe : elle ne représente pas seulement une vague mais en réalité il s’agit d’un groupe d’embarcations contenant des pécheurs qui luttent contre la tempête.

La chronique en entier est ici.


Et voilà qui fait dix !

Impossible de les classer dans l’ordre de ma préférence, la chronologie est bien pratique.

On résume avec un tableau ?

TitreAuteurÉditeur
Une thérapieLéo CairnLa Manufacture de livres
Prison de fer noirVIIAnti-Monde
L’Odyssée du VagabondLuke RhinehartAux Forges de Vulcain
ShitJacky SchwartzmannSeuil
BrouillardsVictor GuilbertHugo
Trois battements, Un silenceAnne FakhouriArgyll
Le Livre de la RentréeLuc ChomaratLa Manufacture de livres
Le Chant du silenceJérôme LoubryCalmann-Lévy
La Vague qui vientDaniel FohrInculte
Demain et demain, et demainGabrielle ZevinFleuve

Et toi, tu as un top 10 ?

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