Les 3000, Épisode 1 : Audrey, le carnet d’abîmes d’une convertie, de Hakim Djaziri

Ma découverte de Hakim Djaziri remonte à peu de temps seulement mais comme son livre, Désaxé, m’a pour le moins particulièrement enthousiasmé, je me suis dit qu’il serait bien que je continue à me pencher un peu sur ses écrits.

Ce dramaturge travaille actuellement à l’écriture et à la mise en scène d’une série théâtrale en cinq épisodes, intitulée Les 3000, qui retracera les parcours atypiques d’hommes et de femmes issus de quartiers populaires et ayant connu des destinées hors du commun.

Audrey, le carnet d’abîmes d’une convertie constitue le premier épisode de cette série.

Le résumé

Depuis la maison d’arrêt de Versailles, en banlieue parisienne, Audrey est assaillie par ses pensées. Elle revoit son enfance à Châtinais, un petit village ardéchois. Elle revoit cette immense maison familiale dans laquelle elle a grandi entourée de ses parents et de ses dix « frères et sœurs » de la DASS. Elle revoit leur divorce, son déménagement à Lyon, son incapacité à s’accoutumer à sa nouvelle vie, son mal-être, sa solitude et enfin sa rencontre avec l’Islam qui lui a permis de trouver, un temps, la paix qu’elle cherchait. Audrey va finalement basculer dans la radicalisation après avoir rencontré Maeva, « marieuse » pour la cause de Daesh. Cette rencontre va la conduire à embrasser l’idéologie portée par l’extrémisme islamiste. A la croisée des chemins, Audrey va céder à la haine. Elle devient combattante pour l’état islamiste en Syrie. Un itinéraire biographique qui nous plonge instantanément au coeur d’un parcours qui est le théâtre d’une lutte entre la vie et la mort, entre le bien et le mal. Ce combat n’admet qu’un seul vainqueur …

Ce que j’en dis …

J’ai retrouvé dans Audrey ce que j’avais apprécié dans Désaxé : ces pièces portent le sceau de l’authenticité.

Comme le précise le résumé, ce récit constitue une biographie, celle de cette jeune femme, rencontrée par l’auteur, qui lui a narré son parcours, son expérience.

Audrey est donc une forme de témoignage qui vaut une mise en garde contre les dérives idéologiques qui mènent à la haine de l’autre et à une certaine culture de la mort, glorieuse au service d’une cause, ou, moins glorieuse, à cause d’elle.

Cette œuvre théâtrale n’est pas le produit d’un raciste islamophobe comme il en court les rues mais d’un musulman éclairé d’origine algérienne dont le parcours l’autorise à prendre voix au chapitre lorsqu’il s’agit d’aborder la question de la radicalisation.

Le propos est donc pour le moins indispensable pour bénéficier d’un éclairage de l’intérieur sur une question dont beaucoup s’emparent sans rien y comprendre.

Voilà pour le fond.

Quant à la forme, je l’ai trouvée plus intéressante que dans la première pièce de Hakim Djaziri dans laquelle il n’y avait que deux personnages.

Ici, le déroulé est plus complexe, les personnages plus nombreux et l’aspect biographique du récit leur donne une épaisseur particulièrement touchante.

Le message est puissant, trouverait son résumé dans l’exhortation biblique de l’épître aux Romains concluant le chapitre 12 :

« Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais continue à vaincre le mal par le bien. »

L’amour et lui seul constitue l’arme absolue et permet de remporter les plus beaux des combats.

Les 3000, Épisode 1 : Audrey, le carnet d’abîmes d’une convertie, de Hakim Djaziri est édité par Les Cygnes.
Le livre broché de 140 pages est vendu 12 €.
Paru le 25 janvier 2022.

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