La Faute de la traductrice, de Dominique Forma

Ce petit livre, avec sa couverture à la fois désuète et provocatrice et son titre énigmatique, va intriguer les lecteurs de Dominique Forma et quiconque le trouvera sur la table d’exposition de son libraire préféré.

Et je le dis d’emblée, sans ménager mes effets et sans user de cet art du suspens qu’on apprécie tant : ceux qui liront La Faute de la traductrice ne manqueront pas de l’apprécier terriblement !

Le résumé

En 1959, le monde s’est reconstruit, oubliant le Troisième Reich et son Führer. Dans la nouvelle France du Général de Gaulle, on commerce, on négocie, on exporte. Et Solange, jeune traductrice aux allures de femme moderne, entendait ajouter sa pierre à ce futur radieux en entrant au département des opérations étrangères d’une société de BTP. Mais elle n’aurait pas dû céder aux avances de son chef de service si séduisant. Encore moins partir avec lui pour négocier de nouveaux contrats en Argentine. Ni, ce soir-là, dans ce restaurant de Cordoba, engager la conversation avec ce vieil homme à l’accent germanique aussi mystérieux que son entourage menaçant.

Ce que j’en dis …

J’ai la très curieuse et merveilleusement agréable sensation de m’être fait retourner comme une crêpe.

Ce n’est peut-être pas très évocateur mais c’est néanmoins ce que je ressens, je vais donc tenter de m’expliquer.

D’abord, dès les premières pages, il y a cette puissance du verbe qui vibre doucement tant il est évident que chaque mot est a sa place, que chaque phrase est inattaquable dans sa structure, que plus rien dans le texte ne saurait être étayé.

Puis le premier chapitre s’achève ou presque sur ces deux mots qu’on n’a pas vu venir, qui glacent le sang, encore et encore, qui le glaceront toujours : « Sieg Heil ! »

Ensuite, on dirait qu’on passe à une autre histoire, une sorte de romance à la fois surannée et pétillante, une amourette entre Solange et son chef de bureau. Rien d’excitant à priori sauf que l’esprit du lecteur ne peut pas oublier le premier chapitre et sa conclusion. Il guette, il attend, il sait que ça ne va pas rester aussi calme très longtemps.

Pourtant lorsque la tempête se lève, alors qu’on l’attendait depuis le début, on ne peut pas faire autrement que d’être surpris par sa soudaineté et sa violence, par cette impossibilité de se mettre à l’abri.

Le drame grossit, s’enflamme, la fureur disloque l’apparente tranquillité de cette passade amoureuse fautive et on poursuit la lecture avec ce regret omniprésent de ne rien pouvoir faire pour aider la pauvre petite Solange…

Dominique Forma réussit avec ce qui semble une impressionnante économie de moyens à produire une histoire incroyablement dense, au rythme surprenant, dans laquelle on ne peut que se laisser prendre corps et âme.

On entend souvent dire de tel ou tel livre qu’il est impossible de le refermer sans l’avoir terminé. Le plus souvent il s’agit d’une formule…

La Faute de la traductrice se joue des formules et entraîne le lecteur dans le réalisme d’une histoire dont on voudrait qu’elle s’arrête tant l’injustice semble sur le point de triompher à chaque instant.

Dans une Argentine dont on sait très bien à présent qu’elle accueillit de haut-gradés de l’armée allemande en déroute, entre des nostalgiques du Reich, un chef de service détestable et libidineux, et un couple d’amoureux suisses en voyage de noces, la plus grande faute de la très attachante Solange aura sans doute été de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Ce qui peut malheureusement arriver à tout le monde et dès lors à chacun de nous …

La Faute de la traductrice, de Dominique Forma est édité par La Manufacture de livres.
Le livre broché de 208 pages est vendu 16,90 €.
Date de parution prévue : le 1er juin 2023.

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