Voilà une pépite découverte dans le cadre du Salon du livre de St-Louis, bourgade du sud de l’Alsace qui, fort de son succès, en est à sa 40ème édition.
J’y ai rencontré Cécile Baudin, auteure de ce premier roman Marques de fabrique. Son enthousiasme m’a donné envie de le lire et je m’y suis attelée dès le lendemain.

La quatrième de couverture :
Ain, 1893. Pour exercer son métier d’inspecteur du travail, Claude Tardy est obligée de se travestir en homme, avec la complicité de son mentor Edgar Roux. Lors d’un contrôle dans une tréfilerie, ils se retrouvent face à un étrange suicide : un jeune homme pendu, prisonnier dans des fils de métal. Plus étonnant encore, la découverte dans un lac, trois mois plus tard, d’un corps congelé… Celui d’un ouvrier, sosie du suicidé.Non loin de là, soeur Placide accueille les nouvelles pensionnaires des Soieries Perrin, des orphelines employées et logées dès leurs douze ans jusqu’à leur mariage. Elle est bouleversée par l’une d’elles, une fillette blonde qui ressemble à s’y méprendre à Léonie, une ancienne pensionnaire. Qui, partie pour se marier, n’a plus jamais donné de nouvelles…
Deux enquêtrices pour deux mystères inextricablement liés qui révèlent la face sombre de la révolution industrielle.
Les premières pages du prologue nous mettent d’emblée dans l’ambiance et le lecteur saisit bien vite que Cécile Baudin ne fait pas dans la dentelle ! Roman ancré dans la fin du XIXème siècle, cette histoire nous plonge dans l’atmosphère des manufactures et autres mines à l’aube de l’industrialisation.
Le soin que porte l’auteure à la description des lieux, des métiers, permet au lecteur d’avoir une vision quasi cinématographique des scènes. En cela, elle n’est pas sans rappeler de grands écrivains comme Émile Zola car par moment, j’ai eu la sensation de me retrouver dans la saga des Rougon-Macquart !
Le style narratif, en faisant alterner les enquêtes menées par ses deux héroïnes Claude et sœur Placide, donne du rythme à l’ensemble et même si le dénouement s’avère en grande partie prévisible, il me semble que le propos de Cécile Baudin est ailleurs…
Elle nous dépeint avec beaucoup de réalisme le contexte social de l’époque, en particulier la condition des femmes dont quelques-unes sont parvenues à s’émanciper certes, mais au prix de bien des sacrifices. Malheureusement pour certaines d’entre elles, on atteint le paroxysme de l’horreur quand leurs oppresseurs en arrivent à se donner bonne conscience voire à se considérer comme des bienfaiteurs !
En filigrane, on retrouve aussi le rôle de la religion et ses parts d’ombre dans des alliances cupides avec le monde des nantis, où l’omerta règne… d’où la devise des soieries « C’est dans l’effort que Dieu se manifeste ; Et la vertu est Sa plus grande récompense ». Quelle caution pour justifier les conditions de labeur imposées à ces très jeunes femmes, pour la plupart encore des enfants quand elles intègrent la fabrique !
Sans rien dévoiler de l’intrigue, mention spéciale pour le choix du titre, je n’en dis pas plus…
Marques de fabrique, de Cécile Baudin est publié aux Presses de la Cité.
Le livre broché de 432 pages est vendu 22 €.
Paru le 9 mars 2023.